NOTRE HISTOIRE
Nous avons débuté nos interventions en juillet 2003 auprès d’une trentaine d’orphelins scolarisés à l’école Kémbé ligne (communauté protestante) et l’école privée Antoine Marie (communauté catholique) à Bangassou (dans la Préfecture du MBOMOU en Centrafrique), par le paiement des frais de scolarité de ces orphelins; la prise en charge de la rémunération de 2 maitres parents, ainsi que l’aide aux pauvres de la ville.
Pour anecdote, j’avais alloué un budget pour le maintien d’une vie confortable à mon père retraité de la fonction publique. A son décès, j’ai choisi d’administrer ce budget aux ANAWIM de la localité.
Le 13 mars 2019, lors de mon séjour dans cette localité à 720 kms de la capitale, vers 17h30, j’entendis la responsable de l’unique orphelinat de la ville se plaindre. je sortis et vis un Monsieur sur une moto , une dame et un bébé. Ce bébé a perdu sa maman juste après sa naissance et cette femme qui se dit voisine de la famille aurait loué la moto pour emmener ce bébé à l’ orphelinat de la localité, à plus de 100 kms du lieu de décès de la mère. Pour la Directrice, c’était le 4ème bébé de la journée. La Directrice m’expliquât que l’orphelinat dispose encore des places pour des enfants plus grands. Ils n’ont pas de lait de nourrissons et les moyens alloués par l’église catholique ne leur permettent pas de prendre des bébés: une boîte de lait nourrisson revient à 12€ pour une semaine. Elle n’a pas été en mesure de prendre les 3 bébés orphelins de la journée. Les associations humanitaires en place ont des laits uniquement pour les mal nutris. On vient de lui apporter un message du décès d’un des 3 bébés sur le chemin du retour des parents. La dame qui est venue avec le bébé sur la moto expliquait que celui-ci risquait d’être enterré avec sa maman car aucun membre de la famille n’a voulu s’engager pour prendre ce bébé.
Je demande à la Directrice de m’accompagner chez l’évêque avec le bébé et la dame de la moto. Dès que l’évêque m’a vue, il me dit, » comme vous êtes la donatrice de l’orphelinat et que vous êtes là, prenez le bébé. Aussitôt La dame de la moto me tendit le bébé et en hâte elle fait démarrer la moto en nous disant juste que le papa du bébé est entrain de venir à pieds. Nous n’avons pas l’ identité de la dame
Ce bébé pesait à peine 2 kgs, déshydraté, baignant dans son pipi enveloppé dans un morceau de tissu. J’étais à 2 jours de reprendre mon avion. Que faire cette nuit?????
La directrice me passât quelques ensembles pour la nuit, ainsi que de l’huile d’amande traditionnelle, des biberons, une couche pour adulte qu’elle va découper en 6, à défaut de couche pour bébé. Elle va à toute vitesse à la maternité située à 3 kms, emprunter une boîte de lait nourrisson, et me préparât de l’eau chaude dans une thermos pour les biberons de la nuit et le nécessaire pour donner un bain à ce bébé. Ainsi, mes nuits vont être très longues car le bébé pleurait tellement et moi j’avais perdu l’habitude des bébés: Mon dernier enfant a 20 ans.
Je devrai le lendemain me rendre à la mairie pour donner un nom à ce bébé, chercher et embaucher une nounou qui devra être encadrée par la directrice, faire la réserve de lait pour un mois .
Une fois arrivée à Bangui la capitale, j’ai fait le stock de lait pour 2 mois. C’est ainsi que De Grace le bébé resta avec la Directrice de l’orphelinat jusqu’à ses 6 mois, avant de rejoindre l’orphelinat où nous avons accueilli entre temps 3 autres bébés orphelins.
Je pense également à ce Monsieur infirme, lourdement handicapé qui a parcouru plus de 3 kms sur ses fesses pour venir assister aux repas de Noël 2019 que nous avons offert aux pauvres et orphelins chrétiens et musulmans.
Je pense aussi à Marguerite cette fille de 12 ans qu’on a accusé de sorcière et devait croupir dans la prison avec des adultes. Nous l’avons accueilli à l’orphelinat, elle est très attachante et commence à s’exprimer.
Je pense à cette orpheline de 11 ans, violée par la mari de sa tante. Au décès de sa maman, nous avions accueilli ses 4 frères et sœurs sur 6 fratries. Le règlement de l’orphelinat exige de ne pas prendre plus de 4 enfants d’une même fratrie. Alice que je prénomme est restée avec son frère chez son papa qui a refait sa vie aussitôt. Alice sera confiée à sa tante. Et le mari de sa tante va la violer. Aucune poursuite judiciaire n’a été engagée. Nous étions obligées de reprendre Alice, lui prodiguer des soins et la confier à une famille d’accueil.
je pense à Jeanne, cette infirme, muette, sourde, limitée; violée à l’âge de 15 ans et qui a

accouchée d’une fille, très mal nutrie et dont nous avons accueilli compte tenu de l’absence de structure. Et pourtant, il existe bel et bien un service d’aide sociale dans la localité. Jeanne est toujours à demi-nue, très sale. La Directrice, compte tenue de ses multiples occupations, est obligée de payer quelqu’un pour lui emmener Jeanne pour qu’elle lui donne une douche une fois par semaine. La mère de Jeanne est aussi en situation d’handicap, et aidée sur le plan alimentaire et hébergement par l’évêque. Jeanne sillonne les rues de la ville en longueur de journée, en suivant la foule. Pour la fête de Noël 2019, à notre arrivée, elle avait été aperçue à 45 kms et ma petite sœur qui a effectué le voyage avec moi à payé quelqu’un pour chercher et ramener Jeanne dans un état pitoyable. Tous les 3 mois, la Directrice lui fait administrer une injection d’ implant pour éviter une nouvelle grossesse. Cependant, nous craignons pour jeanne d’autres rapports sexuels forcés et une contamination de MST lors de son errance
Je pense à ces veuves qui n’ont rien à se vêtir et qui se disputent des vieux tissus déchirés.
je pense à ce responsable des parents d’élèves qui s’est presque’ mis à genoux pour me supplier de les aider à financer le salaire d’un maître parent de plus, si non selon lui » beaucoup d’enfants seront déscolarisés). L’état étant défaillant, des élèves de la terminale qui n’ont pas eu la possibilité de poursuivre leur scolarité ou trouver un emploi sont recrutés en qualité de maître parent après quelques semaines de formation. Ces maîtres sont payés par l’association des parents à raison de 30€ mensuel et chaque parent devra verser 100fCFA soit 15cts par mois et par enfants. Le mois non réglé entraine l’exclusion automatique des enfants. Dans une école de 6 niveaux (CP jusqu’au CM2), l’Etat n’affecte que 1 ou 2 instituteurs). Les parents, des pauvres cultivateurs pour la plupart devront se débrouiller pour embaucher des maîtres parents.
Je pense à la « mamie », éducatrice 24h sur 24h à l’orphelinat qui me disait y a 2 ans: « depuis que cet orphelinat existe, jamais une des personnalités locale n’est passée nous rendre visite ».
Je pense à ma petite sœur qui est emmenée à faire prendre la douche durant une semaine à une vingtaine d’orphelins, avec en sa possession 2 serviettes de toilette. A partir du 3ème enfant, la serviette était complètement en flotte.
je pense à mes fils que j’ai voulu faire confronter à certaines réalités, en les envoyant rendre visite à Noël 2019, aux 9 orphelins que nous avons transférés dans la capitale de Centrafrique et placés dans une famille d’accueil, confinés dans du 18m2, faute de moyens ce qui est extra ordinaire, ces enfants ont toujours le sourire. Nous tentons dans un premier temps de rajouter une chambre supplémentaire au local qui les abrite.

Le pays ne comporte qu’une seule université située à la capitale. Nous réfléchissons déjà sur l’accueil de certains des orphelins dans 4 ans: le grand frère orphelin a 15 ans et en classe de 4ème actuellement.
Je terminerai 100 pages entières si je devais raconter le vécu de ces miséreux Anawim.
Je rends un vibrant hommage à Mr OLE Gabriel, ancien Directeur pédagogique, sauvagement assassiné en 2017 dans le nord du pays par des rebelles lors d’une mission de l’UNICEF pour la formation des maîtres parents. Dès 2006, ce brave Monsieur m’a beaucoup soutenu dans la formation des maîtres parent qui devaient être « embauchés pour l’école Kémbé ligne. »
Je rends également hommage à Madame ROUSSEAU BALLU Lydie, decedée en Avril 2020. En effet Mme ROUSSEAU soutenait notre organisation depuis une dizaine d’année. Elle avait à coeur le projet « SE NOURRIR » premier besoin physiologique selon Mashlow.
Nous poursuivons l’aide matériel aux orphelins, veuves, les pauvres, et soutien moral à la Directrice, très dépassée, travaillant sans relâche, sans repos, pour pallier aux défaillances de l’Etat.
L’association les OEUVRES SOCIALES aux ANAWIM intervient dans la promotion de la solidarité en Centrafrique par une présence au plus près des démunies. Ses interventions sont principalement centrées sur les personnes vulnérables, les miséreux « oubliés » des pouvoirs publics. Il s’agit notamment des orphelins, des veuves, des personnes âgées, handicapées( infirmes, aveugles, )……
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